Bouchons auditifs : une norme volontaire donne le la

bouchons auditifs

Bouchons, casques anti-bruit, coquilles montées sur casque … Les protecteurs individuels contre le bruit sont des équipements incontournables pour les professionnels du BTP, des transports… Comment choisir un équipement performant tout en évitant d’en faire trop ? Suivez le guide, avec la nouvelle édition de la norme volontaire AFNOR EN 458.

Bouchons, casques anti-bruit, coquilles montées sur casque… Les protecteurs individuels contre le bruit sont des équipements incontournables pour les professionnels du BTP, des transports… Sur les chantiers ou à proximité d’un environnement très bruyant, les ouvriers sont confrontés à des niveaux sonores importants et cela, tout au long de la journée.

Selon la règlementation française, dans le cas d’un bruit continu, les salariés ne doivent pas être exposés à des doses de bruit supérieures à 87 dB(A) pour huit heures de travail. Vis-à-vis de bruits à caractère impulsionnel (c’est-à-dire par à-coups), la valeur limite d’exposition est fixée à 140 dB(C) (source : INRS).

Lorsqu’il n’est pas possible de faire autrement, en France comme dans les autres pays d’Europe, les employeurs peuvent recourir à une protection auditive pour y parvenir. Un large choix de protecteurs existe sur le marché : bouchons en mousse, bouchons moulés individualisés, casques antibruit, coquilles montées sur casque de protection de la tête …

Protéger en toutes circonstances

« Le but de ces dispositifs de protection individuelle est d’éviter de rendre les gens plus sourds, en raison de l’exposition au bruit, qu’ils ne le seront dans quelques années, en raison du vieillissement naturel de l’oreille », explique Jean-Pierre Gettliffe, ingénieur spécialiste à la direction du matériel de la SNCF, qui représente les utilisateurs au sein de la commission AFNOR S78B « Protecteurs individuels contre le bruit » (par opposition aux fabricants). « Protéger les salariés est un enjeu sociétal fort. Surtout quand on sait que les effets du bruit ne sont pas immédiats. Ils apparaissent souvent vingt ans plus tard ! », poursuit-il.

Mais quel protecteur choisir ? Selon quels critères ? Et comment l’utiliser ? Pour répondre à ces questions, des acousticiens, des fabricants et des utilisateurs européens se sont réunis il y a quelques années pour élaborer ensemble une norme volontaire européenne. La norme AFNOR EN 458 délivre des recommandations sur la sélection, l’utilisation, les précautions d’emploi et l’entretien d’un protecteur individuel contre le bruit. L’édition révisée vient d’être éditée (avril 2016).

« C’est un véritable guide, très complet et qui fait référence, pour sélectionner un protecteur auditif en phase avec l’activité concernée et les besoins des utilisateurs », précise Nicolas Trompette, responsable du laboratoire acoustique au travail de l’INRS et président de la commission AFNOR S78B.

Eviter la surprotection

Dans sa nouvelle version, la norme volontaire tient compte des nouveautés arrivées sur le marché telles que les protecteurs avec composants électroniques. Par ailleurs, elle apporte des recommandations sur le phénomène de surprotection.

« Certains protecteurs peuvent complétement isoler l’opérateur de son environnement. On parle alors de surprotection. Or, un opérateur coupé de tout peut risquer sa vie ! Par exemple, un salarié opérant sur ou à proximité d’une voie ferroviaire peut ne pas entendre un train arriver…», déplore Nicolas Trompette. « Cet effet de surprotection peut aussi inciter le salarié à ne pas porter ses protecteurs. » ajoute Jean-Pierre Gettliffe.

C’est pourquoi, lors de la révision de la norme volontaire, les professionnels autour de la table se sont attelés à définir un seuil limite de protection auditive : lorsque le porteur doit percevoir son environnement, le niveau résiduel perçu sous le protecteur ne doit jamais être inférieur à 65 dB(A) et idéalement être entre 70 et 75 dB(A). Ainsi, le salarié pourra communiquer avec ses collègues et percevoir les signaux avertisseurs de danger.

« Cette norme est le résultat d’un juste équilibre entre les différentes sensibilités (fabricants, institutionnels, etc …) et cela, au niveau européen. Il n’était pas évident de trouver un consensus. Chaque pays d’Europe a une pratique différente. En France par exemple, nous sommes adeptes des bouchons moulés individualisés, tandis que les autres pays européens ont tendance à opter pour des bouchons classiques en mousse. L’enjeu était que tous respectent les mêmes exigences », poursuit Nicolas Trompette.

La dernière révision de la norme reformule la méthode de sélection acoustique des protecteurs à atténuation dépendante du niveau de bruit. Autre nouveauté, elle décrit et conseille des méthodes pour valider in-situ les performances des protecteurs auditifs, l’employeur pouvant ainsi s’assurer de la bonne protection de ses salariés.

Elaborée pour servir de guide aux employeurs, aux responsables hiérarchiques et aux conseillers en sécurité, la norme volontaire peut s’avérer toutefois complexe pour les non-spécialistes. « Cette norme permet de sélectionner le bon protecteur contre le bon bruit. Néanmoins, certains utilisateurs auront du mal à se l’approprier car elle est longue et complexe. Les ETI et PME par exemple devront faire appel à un acousticien pour y voir plus clair », conclut Jean-Pierre Gettliffe.

A noter que cette version de la norme volontaire n’aborde toujours pas les aspects de maintenance, de longévité et de nettoyage des protecteurs de façon approfondie.

> Commander la norme AFNOR EN 458 »Protecteurs individuels contre le bruit – Recommandations relatives à la sélection, à l’utilisation, aux précautions d’emploi et à l’entretien – document guide …

> En savoir plus sur la commission de normalisation volontaire AFNOR S78B « Protection contre le bruit »…

Image : @florin oprea / Shutterstock



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