Trafic routier : les écrans anti-bruit passent la seconde

Installés au plus près des nuisances, les écrans anti-bruit permettent d’atténuer efficacement les bruits du trafic routier. Les fabricants doivent les caractériser tels qu’ils seront utilisés et les maîtres d’ouvrages doivent vérifier leurs performances une fois installés. Pour cela, ils peuvent s’appuyer sur la nouvelle méthode d’essai proposée par la norme volontaire AFNOR EN 1793-5.

Klaxons, sirènes, flux continu des voitures… les bruits de la route sont vite invivables pour les riverains et entreprises situés à proximité des grands axes. Installés au plus près des nuisances, les écrans anti-bruit détiennent donc un rôle essentiel pour atténuer les bruits du trafic routier.

Mais leurs performances peuvent vite être contrecarrées par le phénomène de la réflexion acoustique. De quoi s’agit-il ? Lorsque le bruit rencontre un obstacle, il rebondit. On parle alors de réflexion acoustique. Et cette réflexion est loin d’être anodine puisqu’elle peut conduire, paradoxalement, à renforcer le bruit en le redirigeant vers des habitations.

Dès lors, pour les professionnels (concepteurs, fabricants, maîtres d’ouvrages…) de ces écrans anti-bruit, il est essentiel de pouvoir caractériser les valeurs in-situ de la réflexion acoustique, performance essentielle du dispositif et ce, tel qu’il sera installé, ou après qu’il ait été construit.

« La fonction première d’un écran antibruit est d’atténuer la propagation sonore depuis la route vers son environnement », explique Patrick Demizieux, chargé d’études bruit au Bureau de Normalisation des Transports, des Routes et de leurs Aménagements (BNTRA) par délégation d’AFNOR.

« Pour assurer une qualité optimale du produit, de nombreux facteurs sont à prendre en compte. Un seul écran peut coûter entre cinq cents et mille euros par mètre carré. La garantie d’une performance adéquate est cruciale »

Il y a encore quelques années, les professionnels ne pouvaient se rendre qu’en laboratoire homologué pour réaliser leurs essais sur les écrans anti-bruit, suivant des normes conçues pour des produits à mettre en œuvre dans les bâtiments, et non le long des routes.

« Bien évidemment, les bruits même reproduits n’y sont pas les mêmes qu’en environnement réel. Or, l’efficacité du dispositif ne peut être correctement évaluée qu’en situation réelle. Grâce à la norme volontaire AFNOR EN 1793-5, les essais combinés à des modélisations acoustiques complètes du site permettent de définir les dimensions et d’orienter dans le choix des matériaux. Dans certains cas, il devra être plus haut ou plus long. Dans un autre cas, il devra utiliser tel ou tel matériau… », explique Patrick Demizieux.

Une méthodologie actualisée

Publiée en mai 2016, la nouvelle version de la norme AFNOR EN 1793-5 fournit une méthode d’essai, actualisée, permettant de mesurer les performances intrinsèques de réflexion acoustique des dispositifs de réduction de bruit de la circulation routière selon les conditions dans lesquelles ces dispositifs seront utilisés.

Cette norme volontaire a été élaborée puis révisée par le groupe de travail européen « dispositifs anti-bruit » animé par Jean-Pierre Clairbois, directeur général de la société Acoustic Technologies (A-Tech) et dont AFNOR assure le secrétariat. Au niveau français, les professionnels du domaine sous l’égide du BNTRA ont activement suivi et participé à ces travaux.

« C’est en 1989 que le groupe de travail européen a été créé suite à la proposition de la France. Lors des travaux, les experts se sont basés sur les avancées françaises et belges », raconte Jean-Pierre Clairbois.

« A l’époque, la France venait de finaliser la norme volontaire français AFNOR S31-089*… De leur côté, les Belges avaient également développé des méthodes d’essai en situation réelle. L’ensemble des experts du groupe ont élaboré la première méthode, harmonisée, de mesure de la réflexion acoustique in-situ. Une première puisque ce type de document de référence n’existait pas », poursuit Jean-Pierre Clairbois.

La norme volontaire prend désormais en compte les retours d’expériences et les nouvelles pratiques du domaine acoustique. Ces résultats ont notamment été obtenus suite à deux importantes recherches européennes finalisées en 1997 et en 2012.

Par rapport aux éditions précédentes, la norme volontaire est désormais scindée en deux parties. La norme AFNOR EN 1793- 5 porte uniquement sur la réflexion acoustique tandis que la norme AFNOR NF EN 1793-6 est spécifique à l’isolation acoustique.

A noter qu’à terme, la norme volontaire européenne AFNOR EN 1793-5 remplace la norme française AFNOR S 31 – 089.

« Cette norme devrait être citée dans la réglementation en vigueur et dans les appels d’offres. Elle viendra en appui de la norme volontaire produit NF EN 14388 « Dispositifs de réduction du bruit du trafic routier – Spécifications » qui permet d’obtenir l’indispensable marquage CE», conclut Patrick Demizieux.

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* « Acoustique – Code d’essai pour la détermination de la perte d’énergie acoustique en réflexion des écrans installés in situ »

 

Image : ©Yury Gubin / Fotolia



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