Norme NF EN ISO 23386 : le dico du BIM

Publiée en mars 2020 dans la collection AFNOR, la norme NF EN ISO 23386 facilite la création de bibliothèques d’objets numériques pour les acteurs du BIM.

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Afnor : Norme NF EN ISO 23386 : le dico du BIM

D’un statut expérimental en France, la norme NF EN ISO 23386 sur la sémantique utilisée en Building Information Modeling (BIM) devient internationale. Avec ces catalogues numériques d’objets et de matériaux, les professionnels du bâtiment vont pouvoir aisément se comprendre !

Le BIM, ou Building Information Modeling, est un procédé informatique qui donne l’opportunité aux professionnels du bâtiment de concevoir et de documenter les projets de construction et d’architecture. Il fonctionne comme un catalogue numérique d’objets et de matériaux, qui permet de modéliser numériquement un projet, objet par objet, avec toutes ses caractéristiques techniques, au-delà de sa représentation visuelle.

Or, pour être efficace et universel, il est indispensable d’adopter un langage commun pour toutes ces données. Tous les corps de métiers doivent s’y retrouver, sinon c’est peine perdue ! C’est justement ce que permet la nouvelle norme NF EN ISO 23386, publiée en mars 2020 dans la collection AFNOR. Déclinaison d’une norme expérimentale française (XP P07-150), cette norme d’application volontaire est la réponse apportée par un tour de table représentatif des professionnels du domaine issus de plus de 20 pays : entreprises, architectes, syndicats industriels, dont en France l’AIMCC (Association française des industries de produits de construction). Sa rédaction est le fruit d’une collaboration de plusieurs années, qui n’a pas toujours été facile. « Le chemin a été long, mais aujourd’hui, avec l’ensemble des pays contributeurs, nous sommes fiers, car convaincus que la norme répond à un besoin du marché », se félicite Roland Dominici, PDG de la société Cobuilder France et chef de file du groupe de travail normatif.

NF EN ISO 23386 : un langage commun

Le texte marque un tournant dans la création de dictionnaires BIM. Comme l’explique Frédéric Grand, du cabinet Quod Semantics, l’un des experts à la table de la normalisation, « cette norme résulte d’un besoin : celui des industriels invités à fournir les informations associées à leurs produits. D’un interlocuteur à l’autre, ils étaient obligés de décrire un grand nombre de fois la même information, en adaptant le niveau de langage selon les personnes à qui ils devaient la communiquer ». Bref, fastidieux, et surtout, source de confusion.

Il était donc urgent de proposer un outil pour tous les utilisateurs du BIM qui permette d’uniformiser les données, avec un format standard, des libellés communs, puis d’asseoir une méthodologie commune pour constituer une bibliothèque d’objets numériques compréhensible par tous les corps de métiers. Ainsi par exemple, pour l’objet « mur » ou « fenêtre », l’architecte ira puiser des informations relatives à l’aspect ou l’esthétique, le bureau d’études s’intéressera à sa résistance, l’ingénieur à sa composition. Les propriétés recensées sont très nombreuses et utiles à tous les acteurs d’un projet, mais encore fallait-il qu’elles soient établies sur la même grille.

La norme volontaire NF EN ISO 23386 le permet désormais. « Le numérique ne laisse pas de place à l’interprétation, d’où le besoin d’une méthodologie partagée de description et de gestion des propriétés. Comment les acteurs du secteur pourraient-ils échanger des informations entre eux s’ils ne parlent pas le même langage ? », souligne Elsa Lucas, cheffe de projet chez AFNOR Normalisation, qui a accompagné les professionnels dans la rédaction de la norme.

NF EN ISO 23386 : créer de l’interopérabilité et de la confiance

Au-delà du gain de temps, et donc de la réduction des coûts, Frédéric Grand insiste sur le fait « qu’auparavant, les utilisateurs ne savaient pas d’où venait l’information. Ils étaient donc naturellement réticents à l’utiliser. Désormais, ils sont en capacité d’en vérifier le contenu, et donc de lui faire confiance. C’est plus efficace et aussi plus contrôlé. » Un sentiment partagé par Roland Dominici : « Pas d’interopérabilité possible sans passer par la case norme. La norme est irréfutable. Si vous êtes conformes à une norme, on ne pourra pas s’y opposer, c’est un tiers de confiance. »

Le 15 février 2021, le Comité européen de normalisation a organisé un webinaire sur le sujet. Vous pouvez visionner le replay ici .

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