Bientôt des normes ISO pour la blockchain

Bientôt des normes ISO pour la blockchain

Blockchain

La technologie blockchain fête ses dix ans cette année. Avec des applications dans tous les secteurs, de plus en plus d’acteurs sur le marché… et un besoin pressant de standardisation ! Au sein du TC 307 de l’ISO, la France avance ses pions. Pour que tout le monde parle le même langage.

« Être en pointe pour ne pas reproduire les erreurs du passé ». Les experts français de la blockchain (« chaîne de blocs » en français) comptent bien faire entendre leur voix à l’Organisation internationale de normalisation (ISO), et plus précisément dans le cadre du TC 307, l’instance qui prépare des normes volontaires internationales sur le sujet : « Aux prémices d’internet, les Américains ont imposé leurs standards et ont verrouillé la technologie, rappelle Christophe Ozcan, fondateur de Crypto4All et président d’un groupe de travail normatif. Ce n’est pas un hasard si aujourd’hui les géants du secteur, les fameux GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon), sont tous américains !»

C’est donc pour défendre leurs intérêts que les acteurs français et européens s’engagent dans le processus de normalisation de la blockchain, cette technologie en pleine expansion qui vise à sécuriser totalement les transactions effectuées en ligne et sert de tiers de confiance pour enregistrer toutes les informations. Elle se base sur cinq caractéristiques : désintermédiation, traçabilité, inviolabilité, irréversibilité et horodatage. Objectif des normes volontaires à l’étude : poser un cadre, décrire les bonnes pratiques, développer un langage commun à tous les acteurs. Une technologie de rupture n’est pas viable si elle n’est pas interopérable ! À l’image de ce qui existe dans les télécoms, avec l’utilisation d’un même socle pour pouvoir téléphoner depuis n’importe quel pays dans le monde.

Blockchain : normaliser pour sécuriser

Sylvain CariouStart-ups, géants du secteur, pouvoirs publics, avocats mais aussi représentants de la Poste ou du CEA… Une grande variété d’acteurs siège à la commission de normalisation française, en miroir des travaux du TC 307 de l’ISO. Répartis en plusieurs groupes de travail, ces acteurs échangent sur des sujets tels que la terminologie, l’architecture, l’interopérabilité, la sécurité ou l’automatisation. « Le plus avancé est celui qui porte sur la terminologie et l’architecture de référence, précise Sylvain Cariou, président de la société Crystalchain et président de la commission. En écho aux travaux français, les discussions se terminent à l’international, au niveau de l’ISO, pour une publication de la norme cette année. »

Le spécialiste poursuit : « Standardiser l’architecture, c’est éviter qu’il n’existe sous le même terme ‘blockchain’ des architectures très disparates qui représenteraient des réalités techniques très différentes, au point de vider de sa substance la notion de blockchain. Ou pire : des solutions qui se prévalent de cette technologie sans en respecter tous les principes. En ce sens, la normalisation volontaire protègera l’utilisateur (entreprise ou consommateur), garantira la robustesse et la crédibilité de la blockchain. »

« La standardisation est la clef de notre développement, c’est l’assurance que nos investissements porteront sur des techniques reconnues et interopérables, complète Christophe Ozcan, pour Crypto4All. Nous défendons une posture agnostique, c’est-à-dire qui préserve la neutralité de la technologie pour la rendre applicable à tous les usages possibles : finance, cybersécurité, applications industrielles, etc. » En effet, aujourd’hui, les usages de la blockchain vont bien au-delà de la seule monnaie virtuelle qui l’a fait connaître il y a dix ans, le bitcoin. Christophe Ozcan en veut pour preuve cet exemple : « Pour lutter contre la contrefaçon de leurs produits, très courante en Chine, des viticulteurs français apposent un QR code sur leurs bouchons lors de la mise en bouteille. Ce code est scanné, et le sera ensuite à chaque étape : chez les transporteurs, chez les distributeurs… jusqu’au consommateur. À chaque nouvelle opération, la blockchain garantit la traçabilité. »

On le voit : même quand on est utilisateur, s’engager ainsi dans le processus de normalisation donne un avantage compétitif. Et l’engagement fort des participants français positionne le pays en pointe sur ce sujet d’avenir. La publication des autres normes ISO devrait s’étaler jusqu’en 2022.

© Getty Images

RENCONTRE AU SOMMET A PARIS

Les 31 janvier et 1er février 2019, les acteurs de la blockchain se donnent rendez-vous à Paris. La ville est considérée comme l’un des centres d’affaires mondiaux les plus actifs en matière de blockchain. Le Paris Blockchain Summit proposera ainsi conférences, ateliers et temps d’échanges. L’occasion de faire le point sur l’avancée des travaux de normalisation internationale sur la question, par la voix de Sylvain Cariou, de Crystalchain, et Caroline de Condé, cheffe de projet normalisation pour les marchés de la blockchain chez AFNOR. Rendez-vous à la Palmeraie, 20 rue du Colonel Pierre-Avia, 75015 Paris.



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