Conservation du patrimoine culturel : une norme volontaire européenne aux petits soins

Conservation du patrimoine culturel : une norme volontaire européenne aux petits soins

Conservation du patrimoine culturel

À quelques jours des journées européennes du patrimoine 2017, une norme sur la manière de conserver ou de restaurer les biens culturels arrive sur le devant de la scène. Soutenue par un vocabulaire métier commun, elle met en valeur des bonnes pratiques.

Depuis plus de 30 ans, les journées européennes du patrimoine rythment le mois de septembre. Les 16 et 17 septembre prochains, ce sera au tour de l’édition 2017. Monuments, châteaux, églises, collections privées ou publiques… Immeubles et objets mobiliers sont bichonnés en coulisses par les architectes, les conservateurs, les scientifiques de la conservation, les restaurateurs et entreprises spécialisées…

Si ces métiers exigent des compétences et un savoir-faire précis, les pratiques pouvaient paraître jusqu’à présent hétérogènes d’un pays à un autre. L’enjeu est de confronter les techniques et méthodes et d’en tirer les aspects communs essentiels afin de favoriser la bonne compréhension d’un acteur à l’autre. L’heure est donc venue d’harmoniser la manière de conserver ou de restaurer un bien mobilier ou immobilier. En l’occurrence, avec un outil qui fait consensus : la norme volontaire.

« Tout a commencé en 2004, raconte Judith Kagan, conservateur général du patrimoine à la sous-direction des monuments historiques et des espaces protégés. La France s’engage avec dynamisme dans le nouveau comité technique européen consacré à la conservation du patrimoine culturel, constitué à l’initiative des italiens. Le comité français propose alors d’élaborer une norme volontaire européenne sur le processus de conservation. Mais il faudra attendre 2012 pour que le sujet soit inscrit au programme de travail du comité technique européen. »

Les professionnels de différents pays retroussent alors leurs manches pour élaborer cette norme européenne répondant au nom de code EN 16853 qui sera le cadre de la trentaine de normes volontaires déjà élaborées depuis 2004 et de toutes celles à venir. « L’objectif de départ ? Prendre en compte un même vocabulaire ‘métiers’ et mettre en valeur les pratiques communes. Mais ce n’était pas le seul enjeu. Il fallait concevoir un document qui s’adresse tant aux spécialistes qu’aux « non-initiés », qu’ils soient propriétaires ou usagers du patrimoine culturel », poursuit Judith Kagan.

Conservation du patrimoine culturel : le bon processus à adopter

Cinq années de travail sont nécessaires pour trouver le juste milieu. L’approche généraliste et progressive l’emporte. Documentation tout au long du processus, définition des objectifs du projet de conservation-restauration, investigation, évaluation des risques… La norme EN 16853 définit les bonnes pratiques essentielles pour la conservation du patrimoine culturel.

Ainsi, il est recommandé de documenter le bien à restaurer avant d’intervenir dessus. « Ces lieux ou ces objets à préserver ont traversé le temps. Comment ont-ils été utilisés, entretenus, restaurés, stockés, manipulés ? Qu’est-ce que le propriétaire du bien peut ou ne peut pas faire au risque d’attenter à l’intégrité du bien ? Tout cela a des incidences en matière de processus de conservation », explique Judith Kagan.

Rien ne doit être laissé au hasard et pour ce faire, il est important de se poser les bonnes questions au bon moment.

D’autant que la norme européenne ne s’arrête pas au processus de conservation lui-même. Au-delà, pour communiquer pendant ou après une restauration, les professionnels de la conservation du patrimoine et les commanditaires ont tout intérêt à anticiper pour sensibiliser au mieux le grand public tout au long du processus, et la norme joue ici le rôle de mode d’emploi.

« Propriétaire ou usager, maître d’œuvre ou maître d’ouvrage, spécialiste de la conservation du patrimoine culturel ou non, tous peuvent se référer à cette norme pour prendre connaissance des étapes indispensables à la réussite d’une intervention sur un bien d’intérêt patrimonial, quel que soit sa complexité ou son ampleur. Nous espérons que cette norme facilitera le dialogue entre les différentes parties prenantes, professionnels de la conservation et les autres acteurs concernés », conclut Judith Kagan. 

> Commander la norme NF EN 16853 « Conservation du patrimoine culturel – processus de conservation – Prise de décisions, programmation et mise en œuvre »…

Rejoindre la commission de normalisation AFNOR « Conservation des biens culturels »…

Château de Cheverny (Loir-et-Cher)
© Adobestock/Demid



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