Deux nouvelles normes pour mieux économiser l’énergie

Deux nouvelles normes pour mieux économiser l’énergie

une femme qui releve un compteur electrique

Estimer, avant toute action, les économies d’énergie attendues ; suivre, ensuite, les performances afin de les ajuster : voilà les bases d’une politique énergétique efficace. Destinés aux responsables énergie en entreprise et aux SSEE (sociétés de services en efficacité énergétique), deux nouveaux outils normatifs présentent des méthodologies solides et éprouvées pour y parvenir.

Mi-2019, des millions de personnes ont manifesté en France et dans le monde contre le retard pris dans la lutte contre le changement climatique. La pression s’intensifie sur les États mais aussi sur les organisations, afin qu’elles réduisent leurs émissions de gaz à effet de serre, et notamment celles qui sont dues à l’énergie. La France s’est ainsi engagée à atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050, en divisant par six ses émissions de gaz à effet de serre. Pour relever ce défi, les professionnels du management de l’énergie peuvent compter sur l’ISO 50001 révisée en 2018, qui donne des clés pour s’inscrire dans une amélioration continue de la performance énergétique. Désormais, ils peuvent aussi s’appuyer sur deux nouvelles normes volontaires : NF ISO 50046 et NF EN 17267.

ISO 50046 : cadrer les estimations d’économies d’énergie

Économiser l’énergie, c’est prévoir. Ainsi, avant de s’engager, une société de service énergétique doit pouvoir estimer l’ampleur des économies d’énergie dont va bénéficier son client. Cette prévision va lui permettre de présélectionner les actions prioritaires à dérouler, qui, elles-mêmes, feront ensuite l’objet d’estimations plus détaillées. Désormais, l’entreprise peut compter sur la méthodologie déployée par l’ISO 50046, « Méthodes générales d’estimation des économies d’énergie ». En fonction des objectifs poursuivis, elle fournit un cadre flexible pour estimer des valeurs précises ou seulement des ordres de grandeur, ou encore des valeurs de référence moyennes acceptées par l’ensemble des acteurs, comme pour les certificats d’économie d’énergie (CEE).

« Cette norme ne fournit pas de méthode de calcul, mais des lignes directrices, précise Jean-Sébastien Broc, de l’IEECP (Institute for a European Climate & Energy Policy), expert auprès de l’ADEME et membre de la commission de normalisation AFNOR « Calculs d’efficacité et de consommation énergétiques ». Elle indique des principes de catégorisation et de choix de méthode, en tenant compte du contexte, de la précision visée et des ressources disponibles. Elle donne également des recommandations concernant les conditions permettant de garantir la qualité des données d’économies d’énergie, leur documentation et leur validation. »

ISO 50046 : transparence et documentation

« La principale valeur ajoutée de l’ISO 50046, poursuit Jean-Sébastien Broc, réside dans la documentation des économies d’énergie. Elle précise les informations qu’une entreprise doit présenter (hypothèses, conditions particulières, valeurs utilisées, etc.) pour que les données d’économies d’énergie soient claires et vérifiables. » Elle améliore ainsi les relations entre professionnels de l’audit énergétique et leurs clients, en assurant transparence et traçabilité.

La norme ISO 50046 offre aussi un cadre pour tracer l’historique des valeurs de référence utiles aux spécialistes qui planchent sur les fiches de calcul des opérations standardisées, ces action-types donnant droit à un certain nombre de certificats d’économies d’énergie (CEE) : changement de chaudière, isolation de façade, etc. Elle peut aussi être très utile aux entreprises qui veulent entrer dans le dispositif de CEE afin de bien documenter l’opération qu’ils souhaitent soumettre à l’ADEME, que cette opération soit vouée à devenir standard ou au contraire qu’elle demeure spécifique.

Enfin, cette norme internationale a été pensée dans un contexte d’échange d’informations entre pays, ou bien entre un État membre de l’Union européenne et la Commission de Bruxelles. « A terme, elle pourrait servir de référence pour harmoniser la documentation des données d’économies d’énergie », ajoute Jean-Sébastien Broc. D’où l’importance pour une entreprise de l’adopter dès maintenant.

NF EN 17267 : l’art de la mesure

Une fois l’estimation prévisionnelle établie, encore faut-il savoir ce que l’on consomme. Jusque-là, les normes existantes (EN 16247, EN 15900, ISO 50001, ISO 50006, ISO 50015) mentionnaient l’importance de la mesure sur la performance énergétique. Mais elles ne détaillaient pas la manière d’effectuer cette mesure. C’est maintenant chose faite, avec la nouvelle norme volontaire NF EN 17267 inspirée des travaux français, dont le guide X30-147 publié en 2016.

La norme explique comment concevoir et mettre en place un « plan de mesure et de surveillance », en disposant des compteurs de consommation (électricité, gaz, etc.) qu’il faut suivre et relever régulièrement. « C’est tout un art, assure Sylvie Fernandez, cheffe de projet chez AFNOR Normalisation, qui a animé le groupe d’experts français ayant élaboré la norme au niveau européen. Il faut installer suffisamment de dispositifs de comptage pour que les données soient fiables, mais pas trop non plus, car ces instruments sont onéreux et une masse d‘informations trop importante peut être contreproductive. Il faut aussi choisir leur emplacement avec soin. »

Organisée en six étapes, NF EN 17267 donne des éléments d’aide à la décision, des méthodes et des outils de base pour l’architecture et la collecte des données. Bref, de quoi faciliter la mise en œuvre opérationnelle des normes de management de l’énergie. « Il ne s’agit pas seulement de suivre l’évolution des consommations d’énergie, mais aussi toutes les données qui vont influer sur celles-ci : températures intérieure et extérieure, variation dans un process industriel, etc., précise Sylvie Fernandez. Si la production baisse, par exemple, les consommations vont suivre, mais l’entreprise ne sera pas plus efficace énergétiquement. »

Contrats de performance énergétique et Zero Net Energy

Deux nouveaux sujets ayant trait au management de l’énergie viennent d’être proposés à la normalisation. Le premier concerne les contrats de performance énergétique (CPE), avec des travaux qui doivent démarrer au niveau européen avant fin 2019. Le but est de définir et d’harmoniser le contenu minimum de ce type de contrat afin de renforcer la confiance des clients potentiels. Avoir un contenu de référence permettra également de comparer plus facilement les offres de service. De leur côté, les Sud-Coréens proposent d’étudier la création d’une norme ISO sur le concept de Zero Net Energy. Le projet intéressera les entreprises ayant mis en place un système de management de l’énergie, en y ajoutant l’apport de la production d’énergies renouvelables. Ce concept, aujourd’hui connu dans le secteur du bâtiment, est encore peu utilisé dans l’industrie.



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