L’écriture inclusive, une option retenue dans la future norme volontaire sur le clavier français

L’écriture inclusive, une option retenue dans la future norme volontaire sur le clavier français

Ecriture inclusive - future norme volontaire sur le clavier français

Marqueur de l’égalité des sexes dans l’écriture française, le point médian fait couler beaucoup d’encre. La future norme volontaire réorganisant les touches sur le clavier français lui a d’ores et déjà réservé une place. Intéressé·e·s ? Philippe Magnabosco, chef de projet AFNOR Normalisation, vous éclaire.

1. D’où vient le point médian ?

Il vient du sud-ouest : il est utilisé en catalan, entre deux L, pour signifier qu’ils ne se prononcent pas comme le LL dit « géminé ». En conséquence, le clavier espagnol le propose sur les touches. Il est également utilisé en occitan, dans sa variante gasconne, pour séparer deux lettres qui sinon se prononceraient différemment. C’est un marqueur phonétique qui a la même fonction que l’apostrophe en français.

2. Point médian ou point-milieu

Philippe MagnaboscoPoint médian, qui se traduit par « middle dot » en anglais. Tous deux désignent le même signe graphique. Mais soyons clairs : ce point n’est qu’un moyen technique pour transcrire, dans un espace contraint, l’idée de l’écriture inclusive qui est de traiter équitablement les genres à l’écrit en une formule uniformisée, en écho aux aspirations sociétales visant davantage d’égalité hommes-femmes.

3. Comment le point médian est-il venu à marquer le genre dans l’écriture du français ?

D’abord parce qu’à l’écrit, le français n’a jamais trouvé la bonne astuce pour raccourcir les formes longues que sont l’énumération (« citoyennes, citoyens ») et la formule épicène (les personnalités candidates, le corps enseignant). Les autres signes de ponctuation ont montré leurs faiblesses. Ensuite, parce que c’était dans la demande initiale du ministère de la Culture, quand sa délégation générale à la langue française et aux langues de France nous a saisis pour élaborer une nouvelle norme volontaire réorganisant les touches du clavier informatique français : rendre possible la saisie du point médian faisait partie de la réflexion, au nom de la défense des langues régionales (catalan et occitan, en l’occurrence).

4. Pourquoi pas le / ou le – pour chercheur/-se ?

Parce que le point médian n’est pas chargé d’une connotation négative comme le sont les parenthèses (qui indiquent un propos secondaire) ou la barre oblique (qui sous-entend une opposition). Ou même le E majuscule, qui peut laisser penser que seules les femmes sont désignées. Sur ce terrain, chaque langue trouve d’ailleurs des solutions différentes. L’allemand, par exemple, joue sur les suffixes avec capitales pour désigner d’un seul mot les deux genres : StudentIn en allemand, avec un grand I à l’intérieur du mot, pour désigner à la fois un étudiant (Student) et une étudiante (Studentin). L’espagnol utilise le signe @ en fin de mot pour désigner à la fois le masculin et le féminin de ce mot (par exemple, « latin@ » qui désigne à la fois « latino » et « latina »).

5. Quelle place sur le clavier tel que le redessine la future norme volontaire ?

La norme volontaire NF Z71-300, attendue début 2018, propose deux configurations de clavier : l’AZERTY amélioré et le BÉPO. Toutes deux entendent proposer le point médian parmi les touches réservées à la ponctuation, par exemple sur celle du point ou de la virgule (c’est encore en débat). Mais à cet endroit-là, les places sont disputées ! Quoi qu’il en soit, le signe ne sera pas forcément gravé sur la touche elle-même, car il sera difficile de le distinguer du point « normal ». Patience, vous en aurez bientôt fini avec les commandes numériques « scabreuses » Alt+00B7 ou Alt+0183, qui, pour l’instant, constituent le seul moyen de demander à votre ordinateur d’afficher un point médian dans votre texte.

> En savoir plus sur le parcours de la norme volontaire NF Z71-300… 

© AFNOR/DR



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