Publié le 05/10/2016 Gelée royale : la première norme volontaire fait le b(u)zz
Avec l’arrivée de l’automne, nos organismes s’affaiblissent. Une période propice à consommer de la gelée royale : ce produit de l’apiculture agit comme un « coup de fouet » en renforçant nos défenses naturelles. Pour la première fois, une norme volontaire internationale fixe des exigences pour en contrôler la qualité.
Avec l’arrivée de l’automne, nos organismes s’affaiblissent. Et parmi les compléments alimentaires naturels agissant comme un « coup de fouet » et que nous avons à notre disposition pour renforcer nos défenses naturelles, figure la gelée royale.
Il s’agit d’un nectar que les abeilles fabriquent expressément pour nourrir les jeunes larves et la reine. « Au sein de la ruche, l’altesse ne s’alimente que de cette gelée, produite en quantité limitée. Et les effets sont considérables : la reine mesure deux à trois fois la taille d’une abeille « ouvrière » et vit près de trois ans contre une vingtaine de jours pour les ouvrières », raconte Patricia Beaune, responsable du laboratoire de l’entreprise Famille Michaud Apiculteurs et membre d’une commission de normalisation AFNOR qui s’est emparée du sujet.
Et si c’est bon pour une abeille, pourquoi ne serait-ce pas bon pour l’Homme ? C’est ainsi que la gelée royale est devenue un complément alimentaire de premier choix. Mais sait-on exactement de quoi on parle ? « Jusqu’à présent, il n’existait aucun accord international sur la gelée royale, ni aucune définition réglementaire », explique Michel Waroude, président de la commission de normalisation AFNOR et membre du groupe de travail international qui a porté sur les fonts baptismaux une nouvelle norme.
La norme volontaire internationale ISO 12824, tel est son nom, fixe des exigences pour contrôler la qualité de la gelée royale. Huit années de travail ont été nécessaires pour l’élaborer.
Garantir l’authenticité du produit
« Tout était à faire pour encadrer le marché, se souvient Michel Waroude. Producteurs, acheteurs, importateurs… Les professionnels se sont investis pour définir ce qu’est la gelée royale, ce qu’elle doit contenir et proposer une méthode d’analyse commune ». C’est la Chine, premier producteur et importateur mondial de gelée royale, qui est à l’initiative des travaux. Le pays avait proposé à l’Organisation Internationale de Normalisation (ISO) d’élaborer une méthode de contrôle de la qualité et de l’authenticité du produit. C’est ce qui a donné la norme ISO 12824, un texte aujourd’hui disponible dans la boutique AFNOR.
Les experts chinois ressentaient en effet besoin de disposer d’un cadre commun et validé au niveau mondial pour leurs échanges commerciaux. Ressentant le même besoin, « la France, l’Allemagne, le Japon, l’Italie ou la Turquie ont exprimé le souhait de rejoindre ces travaux. La France, premier producteur européen et grand consommateur de gelée royale, a participé activement aux débats pour défendre son savoir-faire », explique Michel Waroude.
Pour la première fois, donc, cette norme volontaire définit objectivement ce qu’est la gelée royale. Mais cela n’a pas été aisé. « Sur ce point, un désaccord entre les parties a perduré, ce qui a retardé l’obtention du consensus », se souvient en effet Michel Waroude. Si bien qu’en définitive, la définition distingue de deux types de gelées royales. « Le premier désigne la gelée issue d’abeilles nourries uniquement de miel et de pollen. Le deuxième type, une gelée issue d’abeilles nourries de miel, de pollen et d’autres aliments », nuance Michel Waroude.
Au-delà des définitions, la norme volontaire ISO 12824 comporte des exigences physico-chimiques et des méthodes d’analyses validées après une série de tests interlaboratoires menés au sein des membres du groupe de travail international. « Ce travail a abouti à proposer un niveau de qualité supérieur pour la gelée royale, au plus proche de la naturalité du produit. C’est un résultat de grande importance pour toutes les structures concernées », précise Michel Waroude.
Analyser le goût, l’odeur et les composants
Le texte n’a donc pas été dicté du haut, les professionnels étaient vraiment demandeurs ! Ceux-ci disposent désormais d’une grille de lecture commune pour juger de la qualité de la gelée royale : recommandations de production, règles sanitaires, protocole de contrôle en laboratoire. « L’analyse sensorielle a une place de choix au sein de ces outils de caractérisation et de contrôle de la qualité », décrit Patricia Beaune.
Cette étape consiste à sentir et goûter la gelée. Le produit doit être piquant et de saveur acide, d’aspect pâteux ou gélatineux, et dépourvu de bulles. Vient ensuite la deuxième étape : l’analyse chimique. Pour une gelée royale optimale, le taux de protéines, par exemple, doit être compris entre 11 % et 18 %. Le taux de glucose quant à lui doit se situer entre 2 et 9 %.
« Cette norme volontaire est un guide utile pour vérifier l’authenticité du produit. Elle énonce, critère par critère, les valeurs recommandées. Elle donne également un cadre pour que le produit final soit sain et sans risque », résume Patricia Beaune.
Cerise sur le gâteau : la norme joue le rôle de « traceur ». En effet, elle décrit des paramètres analytiques complémentaires qui permettent de déterminer d’où vient le produit, car la nature du pollen varie d’une région à l’autre. « En analysant les grains de pollen, nous pouvons ainsi identifier précisément l’origine géographique de la gelée royale », confirme Patricia Beaune.