Publié le 25/05/2016 A la pêche à l’histamine avec la norme volontaire
Sardine, anchois, thon… Certains poissons présentent un taux élevé d’histamine, substance à risque pour les consommateurs. Une méthode normalisée permet aux laboratoires et industriels de détecter et quantifier l’histamine dans les produits de la pêche. Donnez votre avis jusqu’au 15 juin 2016.
Sardine, anchois, thon… Certains poissons présentent un taux élevé d’histamine, substance à risque pour les consommateurs.
L’histamine est le résultat d’une altération de l’histidine, un acide aminé naturellement présent dans les poissons. Elle apparaît après la pêche et la mort du poisson et se développe rapidement si le poisson n’est pas conservé au frais.
Déguster un poisson contenant beaucoup d’histamine présente un risque. Immédiatement ou quelques heures après le repas, le consommateur peut ressentir des étourdissements, des palpitations, des rougeurs sur son visage et présenter des réactions pseudo-allergiques.
Pour répondre à des enjeux à la fois de santé publique sur ces sources importantes de protéines et économiques pour de nombreux pays pêcheurs au niveau mondial, un projet de norme volontaire international est en cours de finalisation. Il sera repris dans les collections de normes volontaires nationales ainsi qu’au niveau européen.
« Pour la première fois, il délivre une nouvelle méthode normalisée, commune et validée, pour détecter et mesurer la teneur en histamine dans les produits du poisson et de la pêche destinée à la consommation humaine », précise Alexandre Leclercq, microbiologiste à l’Institut Pasteur et animateur du groupe de travail européen sur la microbiologie dans la chaîne alimentaire (CEN/TC 275/WG6).
Le projet de norme AFNOR EN ISO 19343 entre actuellement en phase d’enquête publique. Professionnels de l’agroalimentaire, laboratoires, industriels, personnel de contrôle aux frontières et dans les ports, vous pouvez donner votre avis, gratuitement et en ligne jusqu’au 15 juin 2016.
L’HISTAMINE DANS LES FILETS
Ce projet s’inscrit dans le cadre d’une demande de la Commission Européenne qui a constaté l’absence de validation d’une méthode de référence au niveau européen et international.
Au niveau européen, un règlement * spécifie la teneur moyenne en histamine qu’un poisson ne doit pas dépasser : à savoir, 100 mg/kg. Pour mesurer cette teneur, le texte recommande aux laboratoires et industriels d’utiliser une méthode de chromatographie en phase liquide à haute performance (CLHP). Mais jusqu’à présent, les professionnels ne disposaient pas d’une méthode de référence complètement validée. Or cela était indispensable pour démontrer maîtrise de ce danger dans le cadre d’échanges commerciaux et de la protection des consommateurs.
Le texte délivre la méthode à suivre pour détecter et quantifier l’histamine, définit les termes à connaitre et liste les étapes à réaliser pour garantir la fiabilité des résultats.
« Dès le lancement des travaux de normalisation volontaire et de validation de la méthode, des pays ont immédiatement souhaité participer. Les professionnels français, réunis au sein de la commission de normalisation AFNOR « Microbiologie des aliments », ont ainsi contribué au projet de norme », précise Alexandre Leclercq.
A noter que les travaux sont menés conjointement au CEN (Comité Européen de Normalisation) et à l’ISO (Organisation Internationale de Normalisation), pour permettre au plus grand nombre de professionnels de participer et de reconnaître cette méthode afin de la référencer dans les documents du Codex Alimentarius sur le contrôle de l’histamine. Plus d’une centaine de pays sont mobilisés.
UNE INITIATIVE FRANÇAISE EXPORTEE
Ce projet de norme volontaire se base sur un article scientifique rédigé par Guillaume Duflos, chef de département adjoint du pôle des produits aquatiques à l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) et actuel animateur du projet histamine du groupe de travail européen. « Cet article présente la méthode CLHP validée par des essais inter-laboratoires en France, en Europe et à l’international. Guillaume Duflos a fait un excellent de travail de comparaison des méthodes existantes pour définir la méthode optimale et a réalisé une validation jamais égalée au niveau international », raconte Alexandre Leclercq.
Ce projet sera un atout concurrentiel de poids laboratoires, industriels mais aussi personnel de contrôle dans les ports et aux frontières qui l’utiliseront.
« La norme volontaire sera notamment citée dans la règlementation européenne en vigueur sur les critères microbiologiques applicables aux denrées alimentaires. Elle viendra ainsi directement en appui à la législation en vigueur», conclut Alexandre Leclercq.
> En savoir plus sur la commission de normalisation AFNOR « Microbiologie des aliments»…
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* Règlement communautaire 2073/2005 fixant les règles sanitaires concernant les critères microbiologiques applicables aux denrées alimentaires. Modifié par le règlement (CE) n°1441/2007.
Image : ©James W Copeland /Shutterstock