Publié le 27/07/2016 Sécurité des briquets : une norme européenne tout feu tout flammes
Près de 100 millions de briquets sont vendus en France chaque année. Une norme européenne, récemment révisée, propose de nouvelles méthodes d’essais pour tester la sécurité enfants des briquets et ainsi protéger les plus jeunes. René Frigière, directeur qualité de l’activité briquets du groupe Bic et président de la commission AFNOR, nous en dit plus.
Près de 100 millions de briquets sont vendus en France chaque année. Le marché mondial des briquets est estimé à environ 11 milliards d’unité, le marché européen à environ 1,4 milliard d’unités par an. Plus des deux tiers des pièces vendues dans l’Union Européenne sont importées, essentiellement en provenance de Chine.
Autant de petits objets contenant un liquide inflammable sous pression, ou recélant un liquide inflammable, qui peuvent facilement tomber entre les mains des enfants. Heureusement, la norme veille : la norme volontaire européenne AFNOR EN 13869 vient d’être révisée et propose principalement de nouvelles méthodes d’essais pour tester la sécurité enfants des briquets, précise les exigences à respecter, et ainsi protéger les plus jeunes.
Comment est née cette norme volontaire ?
Elle a été élaborée suite à l’entrée en vigueur, en 1993, d’une réglementation américaine sur la sécurité enfants pour les briquets*. Elle a introduit, pour la première fois, une méthode d’essai avec un panel d’enfants. Cette avancée a conduit à des discussions au niveau européen. La commission européenne a alors mandaté, en 1998, le Comité européen de normalisation (CEN) L’objectif était de permettre aux fabricants européens de disposer des mêmes définitions, recommandations, procédures d’essais, pour garantir la sécurité de leurs briquets. Les travaux ont démarré au début des années 2000 et la première édition de la norme volontaire EN 13869 a été publiée en 2002. Aujourd’hui, elle est disponible dans une nouvelle version.
Quelle est la raison de sa mise à jour ?
La raison principale concerne la méthode d’essai avec panel d’enfants. Il s’agit d’un test à réaliser avec un groupe ou deux groupes de 100 enfants âgés de moins de 4 ans et 3 mois. Différents acteurs du secteur des briquets, notamment les importateurs, ont exprimé des réserves quant à ce test. L’argument invoqué était la durée et le coût de ces tests dans le cas d’un nombre important de modèle à tester ainsi que la complexité des tests Différents pays européens étaient peu disposés à appliquer la norme volontaire en l’état. La Commission Européenne a de nouveau mandaté le CEN en 2008 (M/427) afin de mettre au point des solutions de remplacement permettant de réduire, voire supprimer, la nécessité de faire appel à des enfants et proposer des alternatives offrant au minimum une efficacité et une fiabilité équivalentes.. Des études ont alors été menées entre 2011 et 2013 par un consultant Torben Rabhek (Torben Rahbek Innovation, Analysis and Consulting), membre de PROSAFE pour identifier des nouvelles méthodes d’essais.
Quels sont les nouveautés apportées par cette nouvelle édition ?
A la suite des études menées, le comité technique a trouvé d’une part une alternative à la méthode complète avec un panel d’enfants. Il s’agit d’un mode opératoire séquentiel. Cela permet aux acteurs d’espérer réaliser, selon les caractéristiques du briquet, un tel test avec moins d’enfants qu’avec la méthode complète.
D’autre part, il a été identifié qu’avec les briquets à allumage par bouton poussoir il était possible dans certaines conditions de ne considérer qu’un seuil minimum de force pour l’activation du bouton poussoir pour qu’il ne soit pas facilement activable par un enfant.
. Une méthode d’essai spécifique au mesurage de la force nécessaire pour actionner le bouton d’actionnement est désormais fournie. Cette méthode inclus également la prise en compte de la durée de vie raisonnablement attendu du briquet pendant laquelle cette force minimum doit être respecter.
Les experts du comité technique européen ont également revu certaines exigences techniques et ont clarifié certains termes pour mieux distinguer les briquets « semi-luxueux »** et briquets « fantaisies » dits factices.
A noter que la Commission européenne a adopté, en 2006, une décision exigeant des Etats membres qu’ils prennent des mesures destinées à faire en sorte que seuls les briquets présentant des caractéristiques de sécurité enfants soient mis sur le marché. Elle a aussi interdit la mise sur le marché de briquets fantaisie.
Cette décision accorde présomption de conformité aux briquets qui satisfont aux exigences des normes volontaires nationales transposant la norme européenne EN 13869. Cette décision est en vigueur jusqu’en mai 2016 et sa prorogation dépendra de la date de publication au Journal Officiel de cette nouvelle version de la norme.
A qui cette norme volontaire s’adresse-t-elle ?
Aux fabricants, évidemment, mais également aux autorités de surveillance. C’est un document qui fait référence et qui permet de protéger les plus petits. Aux Etats-Unis, la règlementation (sur laquelle se base d’ailleurs la norme volontaire européenne) a conduit à une baisse significative des accidents. Lors des travaux de normalisation européens, les fabricants européens présents avaient, pour la plupart d’entre eux, participé au contenu de la réglementation américaine et de certains textes législatifs européens. Lorsqu’il a été question d’élaborer la première norme volontaire sur le sujet, ils se sont activement mobilisés. Aujourd’hui, la norme européenne séduit même hors de l’Europe. Le Japon, la Corée et le Mexique se sont appuyés sur son contenu pour élaborer leurs normes nationales en la matière.
> En savoir plus sur la commission de normalisation AFNOR « Briquets »…
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* Réglementation américaine de sécurité des produits de consommation applicable aux briquets, 16 CFR, chapitre II, partie 1210 « Safety standard for cigarette lighters » du 12 juillet 1993.
** Un seuil de prix pour les briquets, rechargeables ou non, est appliqué en dehors de l’Union européenne dans certains pays où des exigences de résistance aux enfants sont en vigueur (États-Unis, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande) ; d’une valeur en douane ou d’un prix départ usine inférieur à 2,25 dollars US, il équivaut au seuil de 2,00 euros défini initialement dans la norme volontaire EN 13869 de 2002.